scénario
Midi sonne en Arizona
Une petite ville d’Arizona, sous un soleil de plomb, en 1865. Dans la rue principale, suscitant attroupement, deux duellistes immobiles, dos à dos, pistolet à la main.
Dans l’église, le révérend sonne le premier coup de midi.
Les duellistes commencent à s’éloigner l’un de l’autre, leurs pas sont comptés : un, deux…
Au deuxième coup de midi, la patronne du saloon tire une bière.
…trois, quatre…
Dans son échoppe, l’armurier nettoie une arme quand retentit le troisième coup.
…cinq, six.
Au quatrième, une diligence quitte la ville.
Les duellistes se retournent pour se faire face.
Profitant de la distraction générale, une fillette fait les poches des badauds attroupés tandis que tinte le cinquième coup.
Ils s’immobilisent.
Dans une écurie, au loin, un cheval hennit quand la cloche sonne six.
Les yeux dans les yeux.
Dans sa prison, les pieds sur son bureau, le sheriff joue à pile ou face en surveillant son prisonnier qui compte le septième coup.
Des gouttes de sueur, salées, perlent sur les fronts.
Au huitième coup, le banquier ferme son établissement.
Elles glissent le long du visage, sur les tempes, dans les yeux, et se font aveuglantes.
Alors que sonne à peine le neuvième coup, un homme modifie à la baisse le nombre d’habitants sur le panneau d’accueil à l’entrée de la ville.
Les yeux clignent.
Autour d’une table de poker, quelqu’un annonce : « Tapis » tandis que retentit le dixième coup.
Des doigts sont saisis par un tic nerveux.
Au onzième coup, une femme déboule dans la rue principale en courant, en criant.
Les tireurs dégainent.
Au-dessus de la ville, un ange passe, et le douzième coup est emporté par le vent.
Reynald Freudiger, 29 juin – 2 juillet 2011